Alors qu’elle était mandatée par Amnesty International pour effectuer un travail sur les droits des femmes, Leila Alaoui fut victime des attaques terroristes de Ouagadougou du 15 janvier 2016 et succombait à ses blessures trois jours plus tard.
Avant sa disparition, Leila avait sélectionné et retouché quinze photographies de sa mère qui, jusqu’à la première présentation de cette série en 2016 à Photomed, n’avait jamais exposé ses photos. Leila Alaoui s’était proposée de baptiser l’exposition « 70s by Christina », un clin d’œil à Yves Saint Laurent, qui appelait sa mère Christina. Yasmina Alaoui, sa sœur, y a ajouté une dizaine d’œuvres.
Prises au cours des années 70, les photographies de Christine Alaoui nous invitent à partager un périple intime, lorsque vivant entre les Etats-Unis et le Maroc, elle découvrait la ville natale de son futur mari, Fès, où leur mariage fut célébré dans la plus pure tradition fassia.
Les photos de Christine Alaoui reflètent son quotidien avec une émouvante et élégante simplicité. Dans la lignée de la photographie humaniste française, elle saisit des instants qui sont à la fois des vecteurs d’émotion et des signes d’intemporalité. Ses cadrages font penser à Brassai ou Meyerowitz, chaque image engageant le spectateur dans une intimité pudique et sensible.
Il convient de noter que le titre de l’exposition fait également référence au mélange de cultures qui inspire la photographe, née française et mariée à un citoyen marocain. Il préfigure les temps actuels où beaucoup se sentent davantage citoyens du monde qu’attachés à leur terre natale.
Cette belle et émouvante exposition a été présentée à l’Institut français de Beyrouth en 2017, à la Galerie Sulger-Buel Lovell à Londres en 2018 et à l’Institut français de Marrakech en 2021.

Idées
Mouna Hachem
Fès
Le 05 décembre 2025 à partir de 17:30