Une exposition photographique de Manoël Pénicaud 

Au Maroc, la pluralité religieuse est souvent mise à l’honneur, jusqu’ au plus haut sommet de l’État, comme l’attestent le préambule de la Constitution de 2011 ou le message de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Marrakech sur les « les droits des minorités religieuses en terre d’Islam » en 2016. Cette reconnaissance rejoint des pratiques centenaires de coexistence vécues au quotidien, notamment entre juifs et musulmans, dans un contexte où les chrétiens ne sont pas absents. Cette promotion ouvre de nouveaux horizons pour le royaume chérifien dans l’acceptation de son caractère multiculturel. 

Dans une époque où grandissent l’ignorance et la peur de la religion de l’Autre, cette exposition photographique propose de porter un regard différent sur les interactions interreligieuses au Maroc où se côtoient les trois religions abrahamiques : islam, judaïsme et christianisme. 

Sans nier les tensions qui peuvent les opposer parfois, l’objectif est de faire voir et (re)connaître les proximités et les résonnances qui existent encore entre ces religions qui ne sont pas si étanches et exclusives qu’on ne le croit. L’exposition ne porte pas sur les dogmes ni sur les différences théologiques, mais sur les comportements observés au ras du sol, sur le religieux vécu et la religiosité en actes. Se dessinent en creux une « interreligiosité » commune et transversale, alimentée de gestes, de rituels et de demandes qui transcendent les frontières établies par les autorités religieuses.

Au fil d’un pèlerinage en images, on découvre que musulmans, juifs et chrétiens partagent des croyances, des figures, des pratiques et même des lieux. Autrefois, il n’était pas rare que des fidèles aillent prier dans le sanctuaire d’une autre religion. Non pas pour se convertir, mais pour recevoir une grâce ou une bénédiction (baraka, en arabe), pour demander une guérison, pour avoir un enfant ou pour répondre à une angoisse existentielle. De nos jours, de nouveaux échanges s’inscrivent dans la sphère du dialogue des religions. 

Fondée sur des enquêtes anthropologiques, cette série photographique va à contre-courant de l’idée répandue des monothéismes conçus comme des blocs étanches et inconciliables. Elle déjoue ainsi les discours sur l’inéluctabilité du choc des civilisations et des religions. 

Les 30 photographies exposées

Procession musulmane des Regraga le long des cimetières juif et chrétien d’Essaouira, 2004

Enfants musulmans découvrant le cimetière chrétien d’Essaouira, 2004

Mausolée d’un saint Regraga, Akarmoud, 2013 

Offrande de sucre à l’intérieur d’une qubba, Akarmoud, 2013 

Dhikr au cœur de la Zaouïa Qadiriyya, Essaouira, 2025 

Ouverture d’une lila (nuit rituelle) de Gnawa, Essaouira, 2025

Étendards des Zaouïas pendant les célébrations du Mouloud, Salé, 2024

Procession du Mouloud, Salé, 2024

Entrée de la Mosquée Al-Qarrawiyyne, Fès, 2025

Bâton de pèlerin orné de chapelets musulmans, Sidi Ali ben Hamdouch, 2025

Grotte sacrée d’Aïn Hamma, près de Tétouan, 2025

Carte tirée de l’ouvrage « Pèlerinages judéo-musulmans du Maroc », 1948

Cimetière juif de Tétouan, 2025

Cimetière juif de Fès et tombe de Lalla Solica, Fès, 2025

Pèlerins juifs devant la tombe de Rabbi Amrane ben Diwane, Asjen, 2025

Arbre votif au pèlerinage juif près de Ouezzane, Asjen, 2025

Tombes du cimetière juif de Marrakech, Marrakech, 2017

Un artisan musulman prend soin des tombes juives, Marrakech, 2017

Grotte judéo-musulmane, Séfrou, 2011

Arbre des Sbatou Rijal, Bhalil, 2011 

Cimetière marin d’Essaouira et mausolée de Rabbi Pinto, Essaouira, 2022 

Femme priant sur la tombe de Rabbi Haïm Pinto, Essaouira, 2022 

Le nonce apostolique au Maroc avant de célébrer une messe à Bayt Dakira, Essaouira, 2025 

Lampe ornée d’une khamsa dans la synagogue Slat Attia, Essaouira, 2022 

Moine de Notre-Dame de l’Atlas, Midelt, 2011

Le prieur de Notre-Dame de l’Atlas avec l’ex-voto de la Badalya de Louis Massignon, Midelt, 2011

Le pape François reçu à Rabat par le Roi Mohammed VI, Rabat, 2019

Le pape François salue le frère Jean-Pierre Schumacher, Rabat, 2019

Ancienne chapelle du Monastère de Toumliline, Azrou, 2025

Catholiques et protestants récitant le Notre Père en arabe à Toumliline, Azrou, 2024

Les partenaires

Le Festival de Fès de la Culture Soufie et des Sagesses du Monde :
www.festivalculturesoufie.com

L’Institut Français du Maroc : www.-if-maroc.org

L’Institut Français du Maroc site de Fès : www.-if-maroc.org/fes

Le Centre Jacques Berque : www.cjb.ma

L’École des Métiers d’Art Shems’y : www.amesip.org

Pour en savoir plus

Voir le site www.sharedsacredsites.net 

Cette exposition est la continuité de la série photographique Prier dans le lieu de l’Autre créée en 2022 à la Maison Denise Masson par l’Institut Français du Maroc. Elle trouve sa source dans l’exposition de plus grande ampleur Lieux saints partagés, conçue au Mucem à Marseille en 2015 et qui connait depuis une itinérance internationale. Anthropologue et chercheur au Centre Jacques Berque à Rabat, Manoël Pénicaud en est l’un des commissaires. Il présente ici son regard photographique sur ces « interreligiosités marocaines » qu’il étudie depuis le début des années 2000.