Entre poésie rock, pulsations dub et rythmes ternaires, Grèn Sémé invente une chanson totalement inédite où le créole et le maloya de La Réunion donnent rendez-vous à Brel, Bashung et Noir Désir.
Aussi vrai qu’il est impossible de faire pousser un manguier en trois jours, il n’y a pas de raccourci pour parler de Grèn Sémé. Dans une époque riche en mots-valises où l’on voudrait enfermer toutes les belles bâtardises qui naissent de la créolisation du monde, la tentation est grande pourtant de chercher un diminutif pratique pour la cuisine atypique inventée par ces cinq garçons. En 2013, pour situer leur premier enregistrement, ils avaient eux-mêmes opté, avec une certaine prudence, pour « Maloya évolutif ».
La formule avait le mérite de pointer un centre de gravité, l’île de La Réunion – ses rythmes ternaires, son blues traditionnel, le maloya, et sa langue créole –, et d’affirmer en contrepoint une grande liberté de mouvement. 10 ans après sa formation autour de Carlo De Sacco, chanteur et auteur, l’histoire de Grèn Sémé s’écrit depuis cette île de l’océan Indien en cercles concentriques et aériens, le groupe cherchant son identité dans un territoire de plus en plus vaste où l’on repère aujourd’hui aussi bien les hallucinations auditives du dub ou les ambiances street du slam que la verve humaniste des poètes du rock français. Un pied dans un champ de canne à sucre, l’autre sur un trottoir d’une grande ville.