Arts visuels

Résidence artistique - Les eldorados de Jérada - Histoire des gueules noires

Résidence artistique de collecte d’information, d’écriture et de dessin en vue de réaliser une BD sur les mineurs de Jérada.

Scénario : Lyliane Dos Santos
Illustrations : Eric Andriantsialonina

La BD retracera l’histoire d’une famille de mineurs à Jérada au Maroc dans un contexte historique se situant de 1946 à 2018. Il s’agit d’une histoire de génération entre un père et son fils, histoire marquée par les aléas de la vie et du contexte historique de la mine.

Ce récit raconte la vie de Mohamed Zémoual, mineur dès 1959 en pleine exploitation minière et de son fils Yassine Zémoual, mineur illégal en 2018, obligé de faire vivre sa famille par l’extraction du charbon de son puit artisanal.

La résidence se terminera par une exposition des travaux réalisés, le samedi 3 juin au centre culturel de Jérada

Jerada est une commune d’environ 43 000 habitants située dans la région de l’Oriental au Maroc, à quelques kms de la frontière Algérienne. Découvert par des géologues belges d’une société belge Ougrée-Marihaye en janvier 1927, l’exploitation minière de charbon démarre en 1934 et connaît une croissance économique rapide. La venue massive de la main d’oeuvre et les conditions rudimentaires de vie ont amené les travailleurs à vite s’organiser au sein d’un syndicat, à une époque où l’histoire des syndicats était forte et se structurait. En 1946, le premier congrès syndical a été accueilli et organisé sous l’égide de la CGT et sous protectorat français. Les ouvriers de Jerada avaient inspiré tout le pays en créant le Rassemblement syndical Création de l’UMT (Union Marocaine du travail) notamment par la figure de Taïeb Ben Bouazza (1925-2015). En bref, les ouvriers de Jerada ont créé le premier syndicat marocain en 1946. Malgré la qualité du minerai et de sa production, la fermeture des mines est officiellement décidée en 1998, l’Entreprise Charbonnage du Maroc (CDM) n’étant plus concurrentielle par rapport aux importations. La Cité minière employant plus de 9000 employés, se retrouve en pénurie d’emploi et exsangue de toute reconversion économique, laissant galoper une précarité des populations.

Pour faire face à cette situation, les ouvriers au chômage et particulièrement les jeunes continuent d’exploiter le charbon en creusant des puits illégaux, au péril de leur vie, seule alternative de survie pour eux et leurs familles.

C’est dans ce contexte politique et historique que notre histoire se déroule.

Deux personnages centraux :

Yassine Zémoual, né en 1999. Il vit dans une modeste maison à la construction inachevée. Il doit assumer son père, ancien mineur, âgé de 69 ans mais usé par la mine et atteint de la silicose. Ses 3 sœurs et son frère (Hassane Zémoual) ainsi que ses parents sont une charge qu’il a décidé de porter comme un chef de famille, se donnant ce rôle avec courage dans un contexte qui semble parfois lui échapper. Il est un parmi les nombreux mineurs illégaux à descendre dans les puits interdits pour survivre. Au départ, il s’inscrit dans la transmission de la tradition minière, être mineur de père en fils où il faut passer de la survie à la vie. Il est marié à Meryem et ils ont une fille Majda (3 ans, née en 2015).

Son père Said Mohamed Zémoual est né en 1949, âgé de 7 ans lorsqu’il débarque avec son père Bachir Zémoual (né en 1925) à Jerada en 1956 au moment où Charbonnage du Maroc est nationalisé après l’indépendance du Maroc. Juste après la période de reconstruction d’après-guerre, ce moment d’eldorado où le Maroc apparaît comme une terre promise et où l’effort de guerre des combattants marocains se voit récompenser par la force en présence française au Maroc, qui accordait des lopins de terre agricole pour l’installation d’un renouveau à moindre coût, à la faveur d’une récompense que les anciens combattants se faisaient un honneur de recevoir. A 69 ans, il rêvait d’un avenir différent que le sien pour ses enfants (3 filles et 2 fils). Lorsque son fils Yassine était conçu, la fermeture des mines était annoncée et le bébé en route incarnait encore la possibilité d’un avenir possible à Jerada. Il a donc travaillé dans la mine pendant 39 ans (de 1959 à 1998), il aime raconter qu’il a commencé à 14 ans.

Biographie : Un DEA en anthropologie la porte sur la reconversion des friches industrielles en espace culturel et un intérêt très marqué pour le Patrimoine industriel. C’est pourtant dans le spectacle vivant qu’elle mène sa carrière professionnelle. Responsable du pôle régional des musiques actuelles en Rhône-Alpes, puis directrice générale de Arts Vivants en Vaucluse, elle dirige également l’auditorium Jean Moulin scène pluridisciplinaire (arts du cirque, musiques du monde, danse et théâtre) et un lieu de résidence à Rasteau, travaille sur des programmes d’éducation artistique et d’enseignement artistique. Elle s’expatrie au Maroc pour la direction de l’Institut français de Meknès de 2018 à 2022.

Publications :

  • L’avaleur de rock – Edition Volume ! 2004 Paris – La Dispute
  • Musiques urbaines musiques plurielles – commande de la DRAC Rhône-Alpes – Edition Paroles d’aube 1996
  • Ilots artistiques urbains / Nouveaux territoires de l’art – DRAC Rhône-Alpes – Edition la Passe du vent 2003
  • Coauteure de 2 documentaires réalisés avec Jean Boggio Pola – « Chanter Nwel » 2015/16 – « Rési’danse Galotta en Vaucluse » 2016/17.

En 2011, avec Pov, il sort Mégacomplots à Tananarive chez Des Bulles dans l’Océan (DBDO), puis s’en suivront chez le même éditeur Coût d’Etat à Tamatave en 2014 et Lundi noir sur l’île rouge en 2017. Il collabore avec le dessinateur Liva Rajaobelina également pour l’album La Réunion kely, toujours chez (DBDO) en 2017. En 2013 dans le cadre du projet Screens, BD sur les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), il donne une série de conférences sur le rôle du bédéiste dans le développement à Mateszalka (Hongrie), à Vittoria (Italie) et à Siggiewi (Malte). Pendant un voyage fin 2015, où il est indécent de prendre des photos, Dwa se met à faire des croquis sur le vif, et y prend goût. Faire un dessin in situ lui devient nécessaire, il ne sort plus sans son carnet de croquis où les pages témoignent d’un instant, d’une rencontre, d’une ambiance. En 2018, grâce à sa récente passion pour le croquis sur le vif et au carnet de voyage, Dwa gagne le Prix Paritana, un prix ouvert à toutes les formes d’expression de l’art contemporain ce qui lui vaut une résidence de trois mois à Paris ainsi qu’une exposition. La même année, il sort son livre le plus personnel Back to Al Bak, un mélange de BD et de carnet de voyage, qui relate son retour dans son village natal, 27 ans après. Ce livre est nominé pour le Prix de l’écriture Michel Renaud au Festival de carnet de voyage de Clermont Ferrand en 2018 et reçoit le Prix Vanille 2019 – Dessin. En 2020 il est suivi de son périple en Europe, Un Gasy à Paris.

Prix et distinctions
2019 Prix Vanille – Dessin pour Back to Al Bak
2019 Sélection The White Ravens pour Back to Al Bak
2018 1er Prix Paritana, prix d’art contemporain
2012 Eagle award comics (Londres) – 3ème BD dans la catégorie meilleure histoire
2010 1er prix Africa e Mediterraneo, concours panafricain de bande dessinée – section sport
2008 1er prix Soa ny fiarahantsika, concours national de BD organisé par la STAR

Manifestations
2022 Festival du livre de Trou d’Eau Douce (Maurice)
2020 Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (Charente)
2019 Cyclone BD – Festival international de la BD de l’océan Indien (Saint-Denis de La Réunion)
2019 Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (Charente)
2018 Rendez-vous du carnet de voyage de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)
2018 Fête de la BD de Bruxelles (Belgique)
2018 Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (Charente)
2017 Cyclone BD – Festival international de la BD de l’océan Indien (Saint-Denis de La Réunion)
2017 Embarquement immédiat – Festival carnets de voyage (Saint-Leu – La Réunion)
2016 Salon du livre de jeunesse de l’océan Indien (Le Port – La Réunion
2016 Embarquement immédiat – Festival carnets de voyage (Saint-Leu – La Réunion)
2015 Cyclone BD – Festival international de la bande dessinée (Saint-Denis de La Réunion)
2014 Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (Charente)
2013 Il’en Bulles – Festival international de la bande dessinée (Port Louis – Maurice)
2013 Cyclone BD – Festival international du livre et de la bande dessinée (Saint-Denis de La Réunion)
2012 Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (Charente)
2011 Cyclone BD – Festival international de la bande dessinée (Saint-Denis de La Réunion)
2009 Festival culturel panafricain d’Alger (Algérie)
2007 Il’en Bulles – Festival international de la bande dessinée (Port Louis – Maurice)
2007 Sismics festival (Sierre – Suisse)
2005 Cyclone BD – Festival international de la bande dessinée (Saint-Denis de La Réunion)

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