Après la création du spectacle de danse Le testament d’Amélia lors de leur formation au Conservatoire National Supérieur Musique et Danse de Lyon, Romane Piffaut et Franck Sammartano montent la compagnie QUAI6 dans une volonté de création, de transmission et de partage. L’envie de travailler autour d’un objet mouvant, traversé par des lieux, rencontres et influences divers donne finalement naissance au projet Turba. C’est avec lui qu’ils intègrent la résidence artistique proposée par l’Institut français de Casablanca en 2019 puis celle de l’Institut français de Tanger du 13 octobre au 4 novembre 2020.

Turba, questionner la foule et ses mouvements

Turba signifie foule, cohue, masse, meute en latin, et c’est autour des schémas relationnels qui se créent naturellement dans une foule que Romane et Franck ont débuté leurs recherches. “La foule est en perpétuel mouvement, elle comporte une multitude de gens et d’informations qui partagent un même espace-temps pendant un instant seulement. Et cela change tout le temps, ce n’est pas fixe. De nombreux questionnements en découlent : pourquoi la foule à cet endroit ? Change t-elle selon le lieu où elle se trouve ? Selon le pays, la rue, la culture ?

Les mécanismes de foule au Maroc

Pour en comprendre les mécanismes au Maroc, les deux danseurs ont passé des jours entiers dehors à observer l’architecture, l’espace et les gens. “Ce qui nous a fasciné au Maroc, très corporellement, c’est comment les gens s’évitent, comment ils arrivent à circuler et comment ça s’organise de manière très naturelle. C’est l’une des premières choses sur lesquelles on a vraiment travaillé dans le corps, cette fluidité, essayer de la retranscrire. La foule et l’espace paraissent complètement chaotiques alors que cela s’organise vraiment à l’intérieur. Le Maroc a apporté ça au projet, ce chaos organisé ” .

Une recherche collective et hétérogène

De nombreux artistes rencontrés sur place ont pris part au projet.  Le musicien gnawa Khalil Mounji au gembri lors de la première restitution (Casablanca, 2019). Des artisans stylistes impliqués dans la création de costumes inspirés des textures et matières observées dans la foule. Des designers, photographes, vidéastes et enfin des danseurs urbains. “Nous, on sort d’un cadre un peu institutionnel et académique. À Casablanca, les danseurs urbains ont une autre façon de danser, d’autres motivations. Ils ont appris dans la rue, nous on réfléchit beaucoup, on prend du temps… c’est moins spontané. Ces rencontres ont complètement modifié notre façon de travailler. On reconnecte notre art au territoire et à quelque chose de beaucoup plus concret” .

Restitution photo et vidéo

L’impossibilité d’une restitution live a orienté les artistes vers la réalisation de photographies, vidéos et la création de costumes. Au-delà d’une restitution matérielle, le projet a surtout donné naissance à un réel collectif d’artistes aux disciplines et backgrounds très variés. Une façon de décloisonner les formes d’arts, de tout mélanger, à l’image de la foule.

Dans ce contexte si particulier où la foule est interdite dans de nombreuses parties du monde, Turba vient recréer une cohésion, du lien par la danse, la création, l’art et l’échange. “Nous souhaitons aller à l’encontre de ce mouvement qui tend à l’individualisation. Finalement on se rend compte que la foule résiste malgré toutes les mesures. C’est beau et cela donne encore plus de force au projet” .

Équipe

ALLOUCH Mohcine – Graphiste مصمم جرافيك
DAHKAN Mehdi – Danseur راقص
EL REETA Soufiane – Photographe et Vidéaste مصور و مصور فيديو
MOUNJI Khalil – Musicien موسيقار
MRANI Faouzi – Danseur et Monteur راقص و مسؤول عن المونتاج
PIFFAUT Romane- Danseuse راقصة
REFFOUH Mehdi – Danseur راقص
SAMMARTANO Franck – Danseur راقص
SALVY Nil – Designer مصمم

Les résidences artistiques de l’Institut français du Maroc

Destiné aux artistes issus de pays francophones et ouvert à toutes les disciplines artistiques, ce programme agit au service de la création contemporaine et de la coopération culturelle France – Maroc pour susciter une rencontre privilégiée avec les acteurs culturels locaux et les publics de l’IFM au travers de restitutions et d’ateliers artistiques. Au total, 24 résidences seront programmées en 2021 et réparties dans 8 sites de l’institut français du Maroc. + d’infos