Khalil El Ghrib est l’une des figures les plus emblématiques et énigmatiques de la scène artistique marocaine contemporaine. Vit et travaille dans sa ville natale d’Asilah, dont l’esthétique empreint fortement son univers plastique, l’œuvre de Khalil El Ghrib est faite de matières premières cueillies au fil de ses promenades, monde de rebuts destiné à constituer une œuvre éphémère qui se désagrège dans le temps sous les effets de l’humidité, de la chaleur ou de l’oxydation. Reconnu sur la scène internationale (Biennale de Lyon, Institut du monde arabe à Paris, Biennale de Pontevedra, musée national du Castel Sant ’Angelo à Rome…), bien qu’il expose rarement, il ne signe ni ne vend ses œuvres mais en fait don chaque fois qu’il prend part à des expositions individuelles ou collectives, réalisées par le biais d’amis fidèles comme Edmond Amran El Maleh. Son rejet du système marchand dans l’art, renforce sa singulière connexion avec la nature éphémère et changeante du Vivant.
Mohssin Harraki est diplômé de l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan et de l’École Supérieure d’Art de Dijon. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions, tant personnelles que collectives, dont : « EXILS : Regards d’artistes » au musée du louvre-lens, France en 2024. « Trilogia marroqui » musée centre d’art Reina Sofia, Madrid Espagne en 2021, « Global(e) Résistance », centre Pompidou, Paris France en 2020, « Dot, Point, Period », au Castelli Gallery New York, ÉtatsUnis en 2019, « merchants of dreams » Museum of art and visual culture, Odense, Denmark en 2016, « Songs of Loss and Songs of Love », Gwangju Museum of Art, Corée de sud en 2014. Sa démarche est fondée sur le dialogue, que ce soit avec d’autres artistes, avec les personnes qu’il rencontre ou encore avec les éléments de son entourage. C’est une forme d’observation, d’enquête et de témoignage sur son époque. Dans ses installations, il explore les thèmes du livre, de l’écriture, la généalogie, la transmission du pouvoir, et la formation de la conscience et l’imaginaire collective.
Mohamed Larbi Rahhali (né en 1956, vit et travaille à Tétouan) est diplômé de l’École des Beaux-Arts de Tétouan en 1984, où il assiste Faouzi Laatiris dans l’atelier Volume et installation. L’œuvre de Mohamed Larbi Rahhali est profondément influencée par son métier de pêcheur ainsi que par la vie quotidienne dans la médina de Tétouan. Son travail embrasse cosmologie, ésotérisme et questions humaines et sociétales comme la survie ou l’entraide. Il met en lumière une mémoire collective entre le Maroc et l’Espagne, et témoigne de cette histoire coloniale partagée. Larbi possède un parcours professionnel multiple en tant qu’artiste visuel. Il a appris différentes techniques artisanales issues de la médina de Tétouan, a construit des décors de cinéma élaborés, et a également enseigné à l’Institut des Beaux-Arts de Tétouan. Par ailleurs, sa relation intime avec la mer, en tant que pêcheur, est essentielle pour comprendre l’ensemble de sa pratique. Parmi ses expositions collectives, on compte Elsewhere au New Museum, New York (2015), Sous nos yeux part.3 au MACBA, Barcelone, Espagne (2015), Sous nos yeux Part.2 à la Kunsthalle, Centre d’art contemporain de Mulhouse, France (2013), et Sentences on the Bank and Other Activities au Darat Al Funun, Amman, Jordanie (2010). Il a également participé à l’atelier 3RS Maroc dirigé par Seamus Farrell et organisé par L’appartement 22, entre Rabat, Fès et Tétouan (2007). Mind Moves Matter, présenté à L’appartement 22, est sa première exposition personnelle.
Ahnach Mohamed né en 2001 à Khénifra. En raison de l’environnement dans lequel il a grandi, caractérisé par beaucoup de vide et de solitude, il a compris très jeune la puissance et l’inévitabilité de la vie et de la mort. Il a donc tenté, autant que possible, de créer un monde qui lui soit propre, cherchant toujours à insuffler la vie à des choses mortes, peut-être dans l’espoir de vivre lui-même l’expérience de la vie à travers la création artistique. Sa vision artistique a commencé à se préciser en 2020, année durant laquelle il a assemblé diverses configurations de pièces d’os, essayant de leur donner de nouvelles formes évoquant la vie. À travers des séries telles que The Collection, The Rorschach, Merabill, 21:21 et Hybrid, il propose une expérience esthétique qui combine sa perspective grise et pessimiste avec des éléments de vie. Cette contradiction a fait de lui un « hybride » par excellence. Avec le temps, il a développé une relation profonde avec la terre, des liens qui remontent à sa naissance. Par le programme Dream Artist lors de sa deuxième saison, Ahnach nous a invités à réfléchir sur le sens de la vie et de l’existence, comme le traduit sa collection d’œuvres présentée lors de sa première exposition solo intitulée Hybrid, en mars 2024 au Centre des Arts Américains de Casablanca. Un « hybride » toujours pris entre cette grisaille et son angoisse existentielle. Cependant, à travers ses expériences esthétiques, il parvient à se réaliser en tant qu’être humain aspirant à transcender et à s’identifier à l’existence, un être hybride capable de comprendre qu’il existe pour mieux se préparer à la mort.
Mounia Bennani est architecte-paysagiste, diplômée de l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles et docteur en géographie de l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris. En 2006, Mounia Bennani créé sa propre agence de paysage « MBpaysage », établie à Rabat. Son agence est spécialisée dans la conception d’espaces publics. En décembre 2010, elle fonde l’Association des Architectes-Paysagistes du Maroc (AAPM), première association d’Afrique du Nord regroupant les professionnels de l’architecture du paysage reconnue par l’IFLA (International Federation of Landscape Architects). Mounia Bennani milite pour la préservation du patrimoine paysager marocain et pour la création d’espaces publics de qualité. Elle enseigne (École Nationale d’Architecture de Rabat) et partage son expertise sur l’histoire du paysage et des jardins urbains marocains du XXe siècle à travers divers colloques et rencontres au Maroc et à l’étranger. En novembre 2017, Mounia Bennani publie un livre issu de son travail de recherche en doctorat, intitulé « Villes-paysages du Maroc » aux éditions La Découverte, un beau livre à la fois historique et scientifique, sur l’histoire du paysage dans le contexte de l’aménagement des villes nouvelles du début du XXe siècle pendant le protectorat au Maroc. C’est le premier livre qui lève le voile sur une partie de l’histoire du paysage et des jardins publics au Maroc du XXe siècle, histoire restée jusque-là inconnue. En juin 2018, le livre reçoit en France le célèbre prix Redouté « prix spécial jury ».