Arts visuels

Exposition : Nord-Sud - Rencontre de deux mondes autour de l'art singulier avec Mohamed Mrabet & Mostapha Benmalek

Inventive, colorée et vivante, l’œuvre de Mohamed Mrabet révèle un univers fantasmagorique et s’inscrit à l’aube de l’art contemporain marocain. Sa peinture jaillit du fond de son riche imaginaire. Marqué par ses origines rifaines imbibées des apports de la méditerranée, il dessine et peint sans relâche n’hésitant pas à se livrer à l’harmonie du géométrisme.

Imaginaire débridé, éclat jubilatoire des couleurs. Les créations spontanées de Mostapha Ben Malek ont la fraîcheur de la vie et de la musique. Son œuvre explore les intérieurs, interrogent le secret et le subconscient par le truchement du regard. Peinture ethnique, puissance créatrice du geste, son travail se caractérise par la nature, les personnages et les animaux emportés dans  une agitation délirante.

Au carrefour de l’art brut et de l’art populaire, ces deux artistes singuliers déclinent dans un même espace un véritable travail d’introspection et racontent le récit d’un rite initiatique.

En partenariat avec la galerie Artingis 

Né à Tanger en 1936, il fréquente à peine une école coranique. Dans le début des années cinquante, dès l’âge où les enfants commencent leur scolarité, Mohamed Mrabet, fut contraint de quitter l’école. Pitago, son instituteur de quelques jours, ne pourrait aujourd’hui imaginer, que son élève, par son labeur, soit arrivé à l’artiste absolu qu’il est aujourd’hui.

Artiste peintre, les créations de Mohamed Mrabet sont est inscrite historiquement, dans le début de la peinture contemporaine du Maroc.

Créateur prolifique, Mohamed Mrabet, n’a cessé de produire depuis ses vingt ans et son œuvre circule à travers le monde.

Mrabet a donc sa place parmi les premiers peintres marocains de l’art contemporain.

Les tableaux de Mrabet sont exposés en permanence dans des collections prestigieuses à travers le monde. On peut les admirer dans le Musée de la Légation Américaine à Tanger, dans les collections des musées Peggy Guggenheim et dans bien d’autres collections privées.

Sa peinture jaillit du fond de son riche imaginaire. Elle est marquée par ses origines rifaines, imbibées des apports de la méditerranée et du continent africain.

Son univers onirique se retrouve dans son parcours artistique. Il dessine puis peint, sans relâche. Le kif, qu’il a toujours fumé abondamment, accompagne son imagination débordante… D’abord au stylo ou au crayon, puis au pinceau, c’est tout un univers fantasmagorique que ses œuvres nous révèlent.

Dans des entrelacs complexes, on reconnaît des figures tribales ou des sortes de monstres aquatiques dans le genre scolopendres ou serpents à plumes qui font écho autant à ses origines de la tribu montagnarde des Beni Ouriaghel qu’à sa proximité actuelle avec la mer, devenue l’élément clé de son œuvre.

Ses premières œuvres, peu nombreuses, datent des années soixante. Dans la décennie 60, Mohammed Mrabet explore différentes techniques et laisse libre court à son imagination, n’hésitant pas à se livrer à l’harmonie du géométrisme ou au plus pur abstrait.

En 2021, année de ses 85 ans, Mohamed Mrabet persévère et continue à travailler sans relâche.

Un des derniers témoins encore vivant de la « Beat Génération », Mohamed Mrabet a côtoyé en compagnie de Paul Bowles, les plus éminentes icones de cette mouvance qui a représenté aux yeux de la jeunesse des années 50-60, une nouvelle façon d’appréhender le monde. Parmi ces représentants, on citera, Jack Kerouac, Tennessee William, William Burroughs.

Conteur né, Mohamed Mrabet a écrit avec Paul Bowles, de nombreux livres révélateurs de cet autre univers qui a pendant longtemps hanté les écrivains d’outre atlantique et fasciné nombre de leurs adeptes.

Ses productions sont publiées dans plus de vingt-cinq langues continuent d’attirer la curiosité et l’intérêt des explorateurs d’aujourd’hui.

PRINCIPALES EXPOSITIONS

1970 : Siège de la Revue Littéraire Antaeus, fondé par Daniel Halpern et Paul Bowles, à New-York USA et Tanger Maroc.

1970 : Librairie City Lights à San Francisco USA.

1988 : Galerie Paul Mauradian à Lyon France.

1989 : Cavin-Morris Gallery à New-York USA.

1991 : Galerie Art en Marge à Bruxelles Belgique.

1997 : Galerie Aplanos à Assilah Maroc.

1998 : Librairie des Colonnes à Tanger Maroc.

1998 : Festival de l’Immigration maghrébine à Douai France.

1999 : Hôtel Continental à Tanger Maroc.

2004 : Galeries Lawrence-Arnolt à Tanger et Marrakech Maroc.

2005 : Galerie Delacroix à Tanger Maroc.

2006 : Institut Cervantès à Tanger Maroc.

2009 : Galerie Ibn Khaldoun à Tanger Maroc.

2010 : Galerie du Musée de la Casbah à Tanger Maroc.

2011 : Galerie Artingis Fête les 75 ans de Mohamed Mrabet à Tanger Maroc.

2012 : Galerie Artingis Témoin des années 60 à Tanger Maroc.

2012 : École du Détroit à Tanger Maroc.

2013 : Institut français salle Becket Le Colloque à Tanger Tanger Maroc.

2013 : La Fabrique Hommage à Tanger Maroc.

2014 : Galerie Artingis Nuit des galeries à Tanger Maroc.

Né en 1977 dans la région d’Essaouira commence à peindre dès l ’âge de 12 ans ,

Artiste singulier au carrefour de l ’Art Brut et de l ’Art Populaire comme au croisement des cultures arabes, berbères et africaines. Ses créations spontanées , immédiates , ont la fraîcheur de la vie et de la musique.

Peinture ethnique, tribale, ou naïve, la puissance créatrice du geste, imaginaire débridé, éclat jubilatoire des couleurs caractérisent ses oeuvres d’un réel halluciné aux couleurs vives où la nature, les personnages et les animaux sont pris dans une mouvance délirante.

L’art Singulier dont la spontanéité ne connaît pas de frontières , offre une communication immédiate entre les oeuvres et la sensibilité de chacun.

DES EPICES ET DES FEMMES

Vous me direz c’est un peu la base de la culture marocaine. Méfiez-vous des clichés, on vous emmène dans un univers bien étrange, celui de l’artiste Souiri, Mostafa Ben Malek. Un homme qui a transcendé le monde clanique des genres que la société impose, un monde qui nous propose sa vision, éclairée, de l’omniprésence de son troisième œil à l’omniprésence de son cri d’amour aux femmes. Rencontre d’un peintre singulier.

Né dans un village aux portes d’Essaouira, à El Hanchane, vendeur d’épices subjugué très tôt par les couleurs ; autodidacte ayant très peu été à l’école. Il est né dans une famille, entouré par sa mère et ses sœurs. Très tôt il se passionne pour la peinture, on ne sait si c’est la palette des pigments ou des épices : de la robe carmin cuivrée du paprika, au violacé du safran au jaune orangé du curcuma qui l’ont inspiré ou si c’est sa vision précoce d’un monde parallèle, d’une conscience de soi éclairée, d’une aura particulière…

Transcendance et vision chez l’artiste Ben Malek

Ce serait ne pas être attentif que de passer à côté de l’omniprésence de l’œil dans la peinture de Ben Malek. Pour lui, cet œil en plus c’est, dit-il : « ma rage, mon inspiration ». Ce « troisième œil » qui existe réellement et nommé par les scientifiques la glande pinéale ; a fasciné toutes les cultures, toutes les mythologies, les spiritualités, les ésotérismes. C’est l’œil de l’âme, de la conscience de soi pour le bouddhisme, l’œil des visions. En Inde il est appelé Jnana chakshu, l’œil de la connaissance, localisé au milieu du front c’est pourquoi les saints sont représentés avec un point ou une marque sur le front à cet effet. Dans l’Égypte antique, il s’agissait d’un symbole protecteur représentant l’Œil du dieu faucon Horus. On cherche à accéder à cette vision par le Troisième œil dans le yoga.

Mais Ben Malek se défend d’interprétations religieuses. Oui c’est lié au spirituel, au passage d’un monde à l’autre, à la vision de choses différentes comme cela peut être le cas aussi par le biais de la transe. Il nous confie que l’œil c’est aussi son regard sur la toile au fur et à mesure qu’il peint et qu’à un moment il le sent, le perçoit : »ce n’est plus moi qui regarde la toile mais la toile qui me regarde ! » C’est aussi probablement cette transfiguration qui lui permet d’accéder au monde, à la sensibilité de la femme.

Ne cachez pas ce sein… Ou Ben Malek chantre d’un combat féminin malgré lui.

Les femmes, leurs corps, leurs seins sont aussi très présents dans les tableaux de Ben Malek. Amoureux des femmes et de leurs corps ? Peut-être, sûrement. Mais lorsqu’on y regarde de plus près, la façon qu’a le peintre de mettre en scène le corps de la femme pourrait parfois laisser penser que c’est une femme qui peint. Lorsqu’on l’interroge, on comprend bien vite ; qu’un désastre a violenté la femme dans sa beauté, sa féminité, sa fécondité ; dans son enfance. Au milieu des couleurs et de la joie éclatante – Ben Malek nous chuchote que le malheur ne doit jamais se transmettre aux autres- parfois les seins sont manquants, atrophiés ou disproportionnés. Deux des femmes de sa vie, sa mère, sa sœur, atteintes toutes deux d’un cancer du sein, dont la plus jeune a succombé. De cette déchirure, Ben Malek garde l’empreinte et pendant longtemps les seins l’obsèdent, la féminité en devenir de sa sœur mutilée par la maladie, il la multiplie pour rejeter sa peine. « Je n’arrivais pas à faire autrement, je faisais des seins partout ». Rarement on a pu sentir chez un homme une telle sensibilité, une telle empathie, une telle fusion avec le destin de la femme face à cette maladie. Et si Ben Malek se refuse à communiquer sa souffrance, laissant les pigments  » couvrir  » les traces de cette blessure de leur joie colorée, elle demeure en filigrane dans presque toutes ces œuvres.

Le peintre au Souk.

Si depuis 2004, sa carrière a pris un nouveau tournant et qu’il a exposé dans plusieurs villes du Maroc, de Laâyoune à Casablanca ; voire hors des frontières aux Canaries ; ce qui touche chez Ben Malek c’est cette simplicité, cette humilité non construite, non travaillée, quand il vous propose de venir à Al Hanchane le visiter, voir son atelier ou acheter des épices ; on sent bien qu’il n’y a pour lui aucune distinction entre ces deux mondes. Digne représentant de l’école d’Essaouira, et riche de sa singularité, vous pouvez découvrir ses toiles Galerie Artingis pour les 5 ans ou dans son atelier, autour d’un thé, d’épices et certainement dans un autre monde ; celui de Mostafa Ben Malek.

Texte Nathalie Perton pour Made in Essaouira

PRINCIPALES EXPOSITIONS

2002 : Café La place des artistes à Essaouira

2003 : Hôtel Nagjir à Laayoune

2003 : Hôtel Gnawa à Essaouira

2004 : OCP à Casablanca

2005 : Riad Shama à Marrakech

2006 : Espace Othello à Essaouira

2010 à 2015 : Galerie Damgaard à Essaouira

2011 : Alliance Française à Essaouira

2012 : Galerie Artingis à Tanger

2012 : Consulat de France de Tanger

2015 : Galerie Artingis à Tanger

2016 : Festival Ain Asserdoun à Benimallal

2016 : Festival Le Grand-Baz Art à Paris France

2017 : Festival Zanzan à Rennes France

2018 : Galerie Le Chevalet à Casablanca

2018 : Galerie villa Hoda à Casablanca

2018 : Expo sur la ville de Dreux France

2019 : Galerie Le Chevalet à Casablanca

2019 : Consulat Général du Royaume du Maroc à Rennes

2019 : Exposition Acte Sud Galerie Artingis à Tanger

2019 : Exposition Quand l’Art s’emballe en France

2020 : Exposition l’Éclat d’Optimisme à Marrakech

 

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