En Europe et en Méditerranée, la question des identités religieuses est l’une des plus sensibles du XXIe siècle, avec une séquelle de contrastes, rivalités et antagonismes parfois violents. Pourtant, depuis leurs origines, les trois monothéismes partagent des croyances, des pratiques, des figures tutélaires et des sanctuaires.
La fréquentation d’un même espace religieux par des fidèles de religions différentes ne va a priori pas de soi pour ceux qui ont foi en un dieu unique. Si les lieux de culte sont moins propices à cette cohabitation, certains sanctuaires génèrent au contraire des croisements entre juifs, chrétiens et musulmans. Caractérisés par une force spirituelle plus importante, ces lieux saints laissent libre cours à plus de dévotion individuelle et de créativité rituelle. Dans certains de ces espaces partagés, la rencontre est marquée par une nette séparation des fidèles qui peut aussi se décliner en hostilité, tandis que dans d’autres, elle génère des situations de porosité et d’hospitalité interreligieuses.
Né en 1978, Manoël Pénicaud est anthropologue et membre de l’Institut d’ethnologie méditerranéenne européenne et comparative (Idemec, CNRS, Aix-Marseille Université). Il est aussi photographe, documentariste et commissaire d’expositions.
Ses travaux s’inscrivent dans le champs de recherche de l’anthropologie des pèlerinages, du culte des saints, des relations interreligieuses dans l’espace euro-méditerranéen, du dialogue des religions et plus précisément des questions de l’hospitalité de l’ « altérité religieuse. »